L'esprit de Noël, suite 4...
...puis il fit sceller son meilleur destrier - c'est ainsi qu'on appelait les chevaux de selle dans ce temps-là, mes enfants - et une lourde sacoche de voyage bien bouclée en groupe, partit sans
dire un mot de plus à âme qui vive.
Où alla-t-il ? Personne ne le sut.
Les mois s'ajoutèrent aux semaines et les années aux mois, sans qu'on eût "ni vent ni nouvelle".
Après un certain temps, on le crut, naturellement, passé de vie à trépas, et chacun se faisait du pouce un petit signe de croix sur la poitrine au seul nom du seigneur de Kerfoël, à qui il devait sans doute être arrivé malheur, et qu'on ne reverrait certainement jamais en ce monde, et, s'il plaisait à Dieu, encore moins dans l'autre.
Vingt ans s'étaient écoulés.
L'intendant, la femme de charge et les autres domestiques avaient vieilli ; le vieux garde-chasse passait quatre-vingts ans ; et tout le monde s'étant habitué à l'idée que l'absent ne reviendrait jamais, une vie plus douce et plus gaie s'était introduite petit à petit, sinon sous les hauts lambris armoriés du manoir, au moins sous les plafonds à caissons de la grande salle commune, où les paysans et les pasteurs des environs venaient quelque fois se goberger les jours de fête et de chômage.
En somme, grâce à cette disparition prolongée du comte Robert, on avait fini par vivre tranquille et heureux au château de la Tour-du-diable, et par s'y ébaudir à l'occasion tout autant qu'ailleurs.
Quand arrivait la nuit de noël surtout, c'était comme on disait dans le temps, chère lie et grande liesse à l'ombre du vieux donjon, qui n'eût pas manqué de se faire à la longue une réputation plus chrétienne, si l'évenement tragique que je vais vous raconter, mes enfants, n'était pas venu ajouter sa page fantastique aux anciennes légendes.
Une année,...
*************
La suite samedi !
De Zahrad :
Pour préparer un arbre de Noël, il faut trois choses, outre les ornements et l'arbre, la foi dans les beaux jours à venir.